
Voici une anecdote que j'avais presque oubliée, mais la loutre en me parlant des leurres en vrac achetés dans nos magasins d'avant, a fait remonter ce souvenir dans ma mémoire.
L'histoire se passe il y a plus de deux décennies à une époque où je me déplaçais à "mobylette" ce qui rajeunira personne. En ce temps là, mes moyens financiers étaient moins important, fort heureusement les prix des leurres aussi. Mais malgré cela je délaissais les pochettes de leurres bien trop chères pour mon budget pour des leurres en vrac qui me permettaient de n'acheter que quelques leurres de chaque modèle et d'avoir ainsi une palette de leurres plus importante. Ceux qui ont connus cette époque savent à quel point il faut modérer "palette de leurres importante". Pour se faire une idée, je dois vous dire que parmi le peu de modèles existants, j'avais un modèle fétiche, disponible en une seule taille et trois coloris. Quel large choix !
Je me souviens très bien de ce leurre et de son conditionnement, les trois coloris étaient posés sur le comptoir chacun dans une "bonbonnière". Comme j'adorais ces leurres et que je ne pouvais pas financièrement m'en constitué un stock important, je n'avais qu'une seule crainte : Que les bonbonnières soient vides à ma prochaine venue. Mais par chance, chaque fois que je passais il restait encore des leurres dans leur bocal. J'en rachetais quelques uns, et je priais pour que d'autres n'achète pas le reste du stock avant mon retour.
Et puis, les saisons passèrent et ce leurre demeurait ma valeur sûre, je continuais à l'utiliser mais au magasin les choses changeaient, le niveau des bonbonnières baissait mais ne remontait plus. L'information était claire, le leurre allait disparaître de l'étalage, mais heureusement, en attendant il restait encore des pièces en magasin. J'ai ainsi continué mes achats en petites quantités et à enchaîner les prises avec ce shad dont je garde un excellent souvenir car c'est lui qui a accompagné mes premiers pas de pêcheur de carnassiers.
Puis le jour fatidique est arrivé, je suis allé au magasin de pêche et les bonbonnières étaient bien vides. De loin les trois réunies ne devaient contenir qu'une vingtaine de leurres, cette fois c'était sûr, la prochaine fois il y en aurait plus. Je ne sais plus combien il restait exactement de leurres mais je me souviens très bien du geste du vendeur qui me les a cédé pour les 20 francs que j'avais dans mon porte monnaie. Je ne sais pas ce qui ce jour là m'a fait le plus plaisir, le geste du vendeur où le fait de savoir que je m'étais constitué un stock qui me permettrait de pêcher quelques années.
Le temps passant, je dois avoué qu'il y a plusieurs raisons qui font que j'ai gardé en mémoire cet achat. Il y a bien sûr le leurre lui même, les parties de pêche et les prises que j'ai fait avec. Et puis il y a les autres, car plus j'y repense, plus certaines choses me paraissent évidentes. Il existait 3 coloris : le blanc, le orange et le rose. Comme par hasard, le modèle blanc est celui qui a été le premier en rupture de stock, le rose et orange sont restés beaucoup plus longtemps à l'étalage. Si actuellement, certains découvrent l'attrait du rose sur les brochets, la couleur ne faisait pas rêver les pêcheurs bien velus arborant fièrement leur gitane maïs. Mais avec mes moyens financiers de l'époque (20 francs c'est l'équivalent de 3 euros et maintenant j'ai rarement moins de 3 euros dans mon porte monnaie), j'étais trop content de disposer d'un leurre aussi efficace à un prix modique. J'étais tellement inquiet du jour où je ne trouverai plus ces shads en magasin que je n'ai jamais remarqué que j'étais un des rares à en acheter. Cela suffirait à expliquer le geste du vendeur qui m'a gentiment soldé les derniers exemplaires, trop content de se débarrasser des coloris qui sont restés si longtemps en magasin pour lui et si peu pour moi. Mais à l'époque, j'étais jeune et je ne voyais pas tout ça ...

Petit clin d'oeil à qui vous savait, puisque l'on est dans la séquence souvenirs, allons-y à fond ...
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